Écrire sous forme d'histoire la révolte d'un cartable. Forme libre.
L’année va commencer
Me voilà tout excité
Moi, petit cartable en cuir tanné.
Quelques stylos et cahiers
Par couleurs sont rangés
Triés et alignés,
Bien sûr c’est la rentrée.
Alban est pressé
De me montrer
À ses copains extasiés.
Le temps ne cesse de filer,
La Toussaint est arrivée
Thanksgiving et sa dinde fourrée
Le sapin de Noël décoré
C’est reparti pour travailler.
Mais je suis déjà taché,
Mes coutures prêtes à exploser,
Ma poignée, rafistolée
Et mes attaches détériorées.
Jamais je ne survivrai
Jusqu’à la fin de l’année.
Et si l’école était terminée
Je pourrais enfin me reposer
Mais partout Alban aime me balader,
Sur ses épaules me porter,
Malgré ses livres bien tassés
Et mes bretelles qui ne cessent de s’effilocher.
Je suis toujours à ses côtés.
La chandeleur est passée,
Les crêpes avalées,
Les œufs de Pâques trouvés
Et dans mes poches, écrasés.
Ça commence à m’énerver
D’être à ce point saccagé.
C’est bientôt l’été,
Je suis vraiment épuisé
Et de plus en plus usé,
Il va me délaisser.
Alban me lance dans les graviers,
Et ne veut plus me porter,
Il ne sait que me traîner
Tout ça pour rigoler
Et surtout se moquer
Je me sens humilié.
Je ne sais plus comment l’amuser,
Pour être toujours son coéquipier.
Alors je laisse tomber.
Je suis cassé,
Et tout troué.
Je me sens négligé.
Un coup de pied,
Me voilà enfermé,
Dans le placard de l’entrée,
Au milieu de mes aînés,
Depuis longtemps résignés,
Tous tristes d’être dépassés,
Ringards, has-been et exténués.
Mais je ne veux pas abandonner,
À nous de nous révolter,
Pourquoi tout lâcher,
On a toujours des qualités,
Mais parfois cachées.
Arrêtons les clichés.
On pourrait se transformer
Puisque la mode a changé :
Mon rêve va se réaliser,
De vieux cartable dégradé
Un peu de charme et le tour est joué,
Me voilà devenu une sacoche en cuir lustré
Hyper branchée.